Editorial Vignovin - Juillet

On a connu Ecophyto, puis Ecophyto 2. Le gouvernement a lancé un nouveau plan de réduction des produits phytosanitaires – baptisé Ecophyto 2 + – via la création d’un Comité d'orientation stratégique et de suivi. “La volonté est d’atteindre une réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques de moitié d’ici à 2025 et une sortie du glyphosate pour une majorité des usages d’ici fin 2020”, réaffirme le gouvernement dans un communiqué.

Mais, au-delà des paroles, le ministre de l’Agriculture a bien conscience que ce chantier ne pourra se solder positivement qu’à travers un engagement fort et réel des filières, et donc des producteurs. “Je souhaite que la dynamique se déploie dans chaque cour de ferme”, a indiqué Didier Guillaume. Le fameux : penser global, agir local.

La filière viticole est au diapason. A l’occasion des Etats généraux de l’alimentation, les professionnels de la viticulture (production et négoce ensemble) avaient présenté leur plan de filière. En préambule, ils avaient insisté sur la nécessité de “combiner transition écologique et développement économique”. Aujourd’hui, ce ne sont pas forcément ceux qui font les efforts environnementaux qui gagnent le mieux leur vie.

Parmi les points forts de ce plan, l’objectif est de parvenir d’ici 2025, à réduire de 50 % l’usage des produits phytos (en phase avec les objectifs d’Etat), développer les produits alternatifs, écarter les produits les plus dangereux.

Plus spécifiquement, la viticulture annonce, ne plus utiliser d’herbicides chimiques sur au moins 50 % de la surface dans tous les vignobles d’ici à 3 ans (hors vignobles en forte pente et à faible écartement entre les rangs). Le mouvement est déjà lancé. Plusieurs vignobles viennent d’interdire le désherbage chimique total dans les vignes d’appellation (Bordeaux, Cognac, Anjou-Saumur…). A terme – sans préciser l’échéance – la filière vise une sortie des herbicides chimiques. La fin programmée du glyphosate devrait logiquement accélérer les choses...

Enfin, il s’agit d’améliorer le parc des pulvés en privilégiant ceux avec panneaux récupérateurs. La filière souhaite renouveler les 2/3 du parc de pulvérisateurs peu performants d’ici 5 ans.

Au final, l’objectif est de certifier 50 % des exploitations en HVE (Haute valeur environnementale) et de continuer à développer la viticulture biologique.

plan ecophyto 2025

Source : http://www.consultation-ecophyto2plus.gouv.fr/presentation-du-projet-de-plan-ecophyto-ii-a1.html

Parallèlement, toujours sur ce dossier des traitements et de la pulvérisation, les choses se sont accélérées sur un volet important : la protection des populations, dans un contexte, où la pression sociétale est forte sur le sujet des phytos. Le 26 juin, le Conseil d’État a partiellement annulé l’arrêté du 4 mai 2017 qui régit l’utilisation des produits phytosanitaires, au motif que cet arrêté ne comprend pas de dispositions concernant la protection des riverains, alors que cela est prévu par la réglementation européenne. Il enjoint le Gouvernement à prendre les mesures réglementaires adaptées dans un délai de six mois.

Des espaces sont déjà protégés de toute pulvérisation à proximité des fossés, des cours d’eau, mais aussi des établissements où vivent des publics dits “vulnérables” : maisons de retraite, crèches, écoles, hôpitaux… Selon les premières informations, des ZNT (zones de non traitement) de 10 mètres avec un pulvérisateur à jet porté, seraient préconisées par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). On évoque aussi une information des riverains 12 h avant le traitement. Des discussions doivent s’engager entre le gouvernement et les représentants agricoles sur ce sujet.

Patrick Touchais

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