La crise sanitaire a sans doute révélé ce que sans doute beaucoup ne voulaient pas voir. Le vignoble français est en difficulté. Et ça ne date pas de quelques mois… Les rouges souffrent. En grande distribution, à fin février sur 12 mois, ils étaient en baisse de 7 %  (soit un recul de 300 000 hl). Ils ne sont pas les seuls.

L’Alsace qui affichait de bons résultats économiques depuis quelques années, est entrée en turbulence. Signe des temps plus de 80 000 hl ont été souscrits à la distillation de crise dans la région. Chez les voisins champenois, les ventes étaient en baisse sur le marché français en 2019, notamment en GD, avec une chute de 16 %, soit 6 millions de cols. Heureusement, l’export a compensé. Mais il ne faudra sans doute pas compter sur 2020 pour réitérer.

La crise du Covid et les méventes qui en ont découlé, n’ont fait qu’amplifier un phénomène structurel, masqué par de petites récoltes successives dans certains vignobles. Sauf que 2018 est passée par là, et qu’il en reste dans les caves.

Conséquence de ces quelques données implacables, les responsables régionaux des appellations, qu’ils soient côté production ou côté négoce, militent pour une baisse de rendement de la récolte 2020, histoire de ne pas déséquilibrer l’offre et la demande et alourdir les stocks, au risque de voir les prix tomber en flèche.

L’art de gérer l’offre et la demande, ce sont les Champenois qui le maitrisent le mieux. Mais cette année, les discussions sur l’ajustement du bon rendement sont tendues. Le Syndicat des vignerons militent pour 8 500 kg/ha, alors que les Vignerons indépendants parlent de 10 000 minimums, comme le relate France Info. Même combat en Alsace où des vignerons s’opposent à l’idée d’une baisse du rendement, habituellement de 80 hl/ha. On retrouve là, l’opposition entre les vendeurs de vrac et ceux qui commercialisent en bouteille. 

Dans d’autres vignobles, les réflexions vont bon train également. Dans le Val de Loire, les grosses appellations travaillent également à une baisse de rendements (Cabernet d’Anjou, Touraine, Crémant de Loire…). Surtout, la plupart vont jouer avec le VCI (volume complémentaire individuel) pour mettre en réserve du vin qui pourra ressortir dans un an ou deux lors d’un millésime moins généreux. Même idée dans le Bordelais, où – selon Vitisphere – les responsables proposeraient une baisse de rendement et une mise en réserve interprofessionnelle.

Bref, partout en France, les vignobles vont devoir manager leur production. Jamais, les ODG (organisme de gestion) n’auront aussi bien porté leur nom.

 

Patrick Touchais

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