Comment se retrouver pris pour cible dans un conflit qui ne vous concerne pas ? C’est ce qui arrive aux vins français, qui, depuis le mois d’octobre subissent une taxe supplémentaire de 25 % à l’arrivée sur le territoire des Etats-Unis. En cause : une décision de Donald Trump, autorisé par l’Organisation mondiale du commerce à des mesures de rétorsion contre les produits européens, suite à des subventions jugées illégales en faveur d’Airbus.

Cette sur-taxe concerne uniquement les vins tranquilles conditionnés en emballage de moins de 2 litres, et dont le taux d’alcool affiche 14° maximum. Certains producteurs ont joué avec les limites acceptables des degrés, en modifiant leur étiquette, pour passer le degré affiché à 14,1. Moins anecdotique, la plupart des exportateurs ont discuté avec leur importateur pour trouver des solutions, afin de partager ce surcoût.

Rappelons qu’aux USA, les vins sont commercialisés via le système dit “des trois-tiers” (three-tier system), qui s’appuie sur un importateur, qui revend à un distributeur (grossiste), qui lui-même revend aux détaillants (magasins ou restaurants). “Les distributeurs se sont mobilisés pour expliquer à l’administration américaine que ces taxes pénalisaient aussi leur business”, explique Valérie Gérard du bureau US de Sopexa.

Sauf que le président US ne semble pas disposé à infléchir sa politique en la matière et annonce même des taxes à 100 % sur l’ensemble des vins français (y compris les vins à bulles) et les spiritueux. Ces dernières seraient une réponse à la taxe sur les géants du numérique (Google, Facebook…), voulue par le gouvernement français. “Notre filière est une victime collatérale de conflits commerciaux qui ne la concerne pas. La responsabilité de l’Etat est engagée, il doit compenser la taxation US déjà en vigueur et doit suspendre, au moins provisoirement, la taxe Gafa pour éviter que cela ne devienne pire”, estime Bernard Farges, président de la Confédération nationale des vins AOC, qui en appelle à la mobilisation de tout le vignoble français auprès des élus.

En octobre, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume était intervenu au Conseil européens des ministres de l’Agriculture pour que la Commission prenne des mesures exceptionnelles d’accompagnement de la filière viticole. Un appel resté sans écho aujourd’hui.

Les vins et spiritueux français représentaient en 2018, un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’€. Une valeur qui a doublé en 10 ans. 25 % des vins consommés aux Etats-Unis sont importés : l’Italie est leader devant l’Australie et la France. 

Patrick Touchais

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