Editorial Vignovin - Mars 2019
Avec 13 milliards d’euros en 2018, les vins et spiritueux performent en valeur
En augmentation de 2,4%, les exportations de vins et spiritueux français dépassent la barre des 13 Mds€, un record historique pour ce secteur qui demeure le second excédent commercial français (avec 11,7 Mds€, +1,7%). En volume, la tendance est négative avec une baisse de 2,7%, conséquence des petites récoltes de 2017. Champagne et cognac sont les deux locomotives qui tirent l’ensemble de la filière, totalisant pas moins de 6 Mds € soit près de la moitié du CA total.
Cette tendance de décalage valeur/volume se vérifie sur la dynamique des ventes export de vins qui se replient de 4,6% (1,66 Mds de cols) alors que leur CA augmente de 2,6% (8,9 Mds€).
Pour le champagne, l’année 2018 marque une certaine forme de rupture avec le passé puisque pour la première fois, les ventes à l’export (155 M de cols, +0,6%) dépassent celles réalisées sur le marché français (147 M de cols, en chute de 4,2%). Le Comité Champagne souligne d’ailleurs qu’entre 2008 et 2018, les ventes réalisées sur les pays tiers ont augmenté de 40%, passant de 56 à 79 M de cols. Cette tendance marque également un décalage de performance selon les opérateurs : sur l’Union européenne, vignerons et coopératives parviennent à développer leur activité (respectivement +1,6% à 4,5 M de cols et +4,4% à 7,3 M de cols) alors que sur les pays tiers, ce sont les maisons qui performent (+2,8% à 71 M de cols).
Parmi les autres grandes régions viticoles, Bordeaux (qui représente 24% du total des vins exportés) recule de 13,7% en volume (240 M de cols) mais son CA progresse de 3,1% (2 Mds€). Les vins de la Vallée du Rhône et du Val de Loire connaissent le même sort alors que Bourgogne et Provence présentent des résultats positifs à la fois en volume et en valeur. Le Beaujolais quant à lui plonge de plus de 8% aussi bien en volume qu’en valeur !
Côté spiritueux, le Cognac, en occupant 73% du CA total des exportations, règne en maître (3,12 Mds€) et progresse de 3,4% en volume (200 M de cols). Le rhum affiche également une hausse de 14,4% en valeur (71,1 M€).
Si les dix premiers pays pèsent 75% du total soit près de 10 Mds€, le premier marché demeure les Etats-Unis. Non seulement il absorbe 45% de la croissance totale des ventes en valeur mais avec 3,2 Mds€ (+4,6%), le résultat de 2018 confirme une progression constante depuis 10 ans. Deuxième marché pour la France, le Royaume-Uni reste quant à lui stable à -0,6% (1,33 Mds€). Et si la Chine recule, pour la première fois depuis 2013, (-14,4% en valeur), faisant descendre le CA en-dessous de 1 Md€, les autres places asiatiques comme Hong-Kong et Singapour (des hubs pour le marché chinois) se portent bien. D’ailleurs, la zone Asie contribue toujours fortement à la dynamique globale des exportations en valeur, à hauteur de 15% (2,5 Mds€). Bon signal pour les échanges commerciaux, l’accord UE/Japon est entré en vigueur en février dernier, et la suppression des droits de douanes annoncée devrait accompagner la progression des ventes sur ce pays (+3%).
D’autres marchés en Europe progressent bien comme l’Italie avec +15,2% (268 M€) ainsi que les pays scandinaves (Suède à +6%, Danemark à +7,9%). Notons aussi la performance de la Suisse qui avec 400 M€ (+ 5%) demeure le 10è pays acheteur de vins et spiritueux français !
Le continent africain présente également de beaux résultats avec 300 M€ en augmentation de 10% grâce en particulier aux ventes de champagne et de cognac. L’Afrique du Sud (+26%) et le Nigéria (+11%) sont les deux pays qui portent cette dynamique mais les pays de l’Afrique francophone sont également bien placés (+12%).
Avec +2,2%, l’Union européenne connaît sa deuxième année de hausse consécutive (4,5 Mds€) mais ce sont surtout les pays tiers qui portent la croissance, représentant les 2/3 du CA (+2,6%).
Nathalie Costa