En mars dernier, dans ces mêmes colonnes, nous mettions l’accent sur la destruction de valeur attendue pour la filière à cause du COVID, tout en rappelant une situation déjà fragile liée aux taxes US et à l’interminable épisode du BREXIT. Un an après (oui déjà !), où en sommes-nous ?

A l’export, la commercialisation des vins et spiritueux plonge avec -14% en valeur à 12 Mds €. Ce sont les spiritueux qui baissent le plus avec -19,4% (3,7 Mds €) tandis que les vins reculent un peu moins à -11,3% (8,2 Mds €). Les plus fortes chutes concernent le cognac (-21,4%) et la vodka (-23,1%) du côté spiritueux et le champagne (-20%) du côté vins.

Quand on zoome sur les marchés, ce sont les USA qui concentrent la baisse la plus conséquente avec -18% en valeur (3,1 Mds €) et –5,5% en volumes, la taxe Airbus étant la cause principale de cette situation avec un recul de 400 M€ pour les vins français importés sur ce marché ! En Asie, l’apparition du virus en Chine au moment du Nouvel An chinois a provoqué un arrêt brutal des exportations en général et celles des vins et spiritueux en particulier qui sont en retrait de -15,2% (809 M€). Sur les marchés européens, l’impact de la crise sanitaire sur la consommation de vins et spiritueux a été moins violent en 2020 avec des baisses de -6,5% au Royaume-Uni (1,3 Mds €) et -7,1% sur l’UE (hors GB) à 3,1 Mds €.

Début mars, une relative bonne nouvelle est toutefois venue éclaircir le ciel des exportateurs : les USA et l’Union européenne ont annoncé la suspension pour 4 mois des taxes Airbus de 25% pesant sur les vins et spiritueux européens -donc français-, depuis octobre 2018. Certes, cela reste une suspension pas une annulation, mais c’est une bouffée d’oxygène au moins pour quelques semaines. Le temps de peut-être trouver une sortie par le haut.

Sur le marché intérieur, la filière a aussi sérieusement souffert notamment à cause des fermetures des lieux de consommation comme les bars ou les restaurants. Mais les Français ne se sont pas détournés des vins et spiritueux, ainsi une enquête menée par Wine Paris et Vinexpo Paris affiche un bilan positif des ventes de vins en direct et en circuits spécialisés. Sur les quelque 1000 professionnels interrogés (vignerons et cavistes), l’année 2020 a été favorable. 65 % d’entre eux déclarent ainsi avoir terminé l’année avec un bon chiffre d’affaires, avec des ventes en hausse pour plus de la moitié d’entre eux, indiquant un coup d’accélérateur au dernier trimestre grâce aux fêtes de fin d’année. Du côté des producteurs, le bilan est plus mesuré puisque seulement un tiers d’entre eux jugent leur bilan positif, également grâce au dernier trimestre avec une hausse des ventes pour 24% d’entre eux. Plus de la moitié déclarent avoir réalisé près de 30% de leur chiffre d’affaires grâce à la vente directe à la propriété et à la vente aux cavistes et épiceries fines. Nombre d’entre eux ont d’ailleurs décidé de poursuivre voire renforcer leur propre activité commerciale.

Comme à l’occasion de toute crise, il est intéressant de constater la capacité d’adaptation (la fameuse résilience) d’un marché. Le dernier baromètre SoWine/Dynata analyse les tendances de fond observées dans l'univers du vin et des spiritueux, et dont la synthèse vient d’être présentée. Ce baromètre montre que les Français ne se sont pas détournés des vins (ni des spiritueux d’ailleurs), au contraire, ils s’y intéressent même de plus près qu’avant. Et à cause -ou grâce- aux deux confinements de 2020, la digitalisation du commerce de vin, qui représentait un demi-milliard d’euros, a explosé. Les consommateurs sont désormais, et plus que jamais, très connectés et ce phénomène s’accompagne aussi d’exigences quant à la transparence sur l’information du vin. Les consommateurs veulent savoir ce qu’ils boivent et de plus en plus sont attirés par le bio, en particulier les jeunes de moins de 25 ans !

Sur le marché français, les opportunités de développement pour les vignerons et vigneronnes sont donc bien réelles que ce soit pour ce qui concerne l’offre d’accueil à la propriété ou sur leur site, mais aussi la découverte par le biais des cavistes ou épiceries fines.

N. Costa

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