Le gouvernement annonce qu’il prend le dossier de la filière vins en main. La profession attend des précisions sur le détail des mesures.

Un malheur n’arrive jamais seul. Aux mesures de taxations douanières du gouvernement des Etats-Unis, s’ajoute, depuis le 14 mars dernier, date du début du confinement, la fermeture des cafés et des restaurants, la chute des ventes dans la grande distribution et la baisse des exportations. Plus localement, des appellations comme Bordeaux souffraient déjà d’un recul de la demande sur certains segments de marché.

Tweet gouvernemental

Suite aux rencontres avec la filière, Bruno Lemaire, ministre de l’Economie et des Finances annonçait le 11 mai sur son compte Twitter, que « le gouvernement va procéder à des exonérations de cotisations pour les TPE et PME du secteur viticole les plus en difficulté et met en place un dispositif de distillation de crise de 140 M€. Au niveau européen, nous renouvelons notre demande d’un fonds de compensation ». Ce dernier doit corriger les nouvelles taxes d’important américaines.

Distillations

La profession estime les mesures insuffisantes et peu précises dans leurs applications. Tout d’abord, sur la distillation. Cette mesure permet de retirer du marché des volumes de vin pour maintenir les cours en les transformant en alcool destiné à l’industrie. Si les services de l’Etat estiment à 2 millions d’hectolitres les volumes à retirer sur marché indemnisés à 70 €/hl, Bernard Fargues, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), évalue à 3 millions le nombre d’hectolitres de stocks à transformer pour de maintenir les cours. La profession réclame un tarif de 65 €/hl pour les VSIG, de 80 €/hl pour les AOP et IGP. La mesure intéresse particulièrement les professionnels de Nouvelle Aquitaine, d’Occitanie et des vignobles en bord de Loire. Soit au bas mot 260 M€.  La profession réclame au total 500 M€, hors du programme national d’aide (PNA), afin de réduire les volumes mis sur le marché. Aux mesures de distillation s’ajouteraient des incitations aux baisses de rendement, aux vendanges en vert et au stockage privé… Les professionnels déplorent que 80 M€ devrait être pris sur Plan annuel national d’aide de l’Organisation Commune du Marché (OCM) vin.

Charges sociales

Ensuite, pour les exonérations de charges, les professionnels de la filière réclament un plan d’exonération des cotisations sociales des exploitants (Amexa) et de charges sociales patronales (MSA et Urssaf) jusqu’à la fin de l’année 2020, au moins sur la période de fermeture des restaurants. Bruno Lemaire, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, et Olivier Dussopt, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, annoncent une enveloppe de 100 M€ d’exonération de charges sociales pouvant aller jusqu’à 100 % pour les entreprises les plus impactées. Cette ligne de crédit s’ajoute au fond de solidarité de 2 milliards d’euros dont bénéficie déjà l’ensemble des petites entreprises qui ont perdu plus 70 % de leur chiffre d’affaires. Chacune perçoit 1 500 € mensuels auxquels s’ajoutent un versement de l’Urssaf. La mesure de report de charges se poursuit au mois de mai, notamment pour les exploitants du régime agricole qui pourront décaler l’échéance du 25 mai. De son côté, la Banque de France active le dispositif mis en place depuis la crise de 2008 de médiation entre les entreprises et les banques sur les crédits avec 300 milliards d’euros de l’Etat pour garantir les prêts bancaires.

Enfin, la filière hexagonale demande depuis plusieurs mois une enveloppe compensatrice de 300 millions d’euros pour absorber des mesures de rétorsion sur les vins français. La taxation de 25 % de ses produits exportés marché américain relève d’un litige commercial devenu politique entre Airbus et Boeing à laquelle elle est complètement étrangère.

Reprise des ventes

Les chiffres sont là. Sur le premier trimestre, la Chine a vu ses importations mondiales baisser de 16,8 % en volume, à 124,4 millions d’hectolitres, et de 21, 8 % en valeur, à 482 M$. Son économie repart et les opérateurs locaux pensent que la demande suivra. En France, de la dernière semaine de février à la dernière d’avril incluses, l’ensemble des produits marquent un recul dans la grande distribution, du magasin de proximité à l’hyper :  - 3 % en valeur pour les vins tranquilles, - 2 % pour les spiritueux et liqueurs et surtout – 34 % pour les vins effervescents. Mais dès fin avril, les ventes repartaient à la hausse : 7 % en valeur des ventes de vins tranquilles sur la semaine, de 1 % pour les spiritueux et liqueurs. Quant au e-commerce, plusieurs opérateurs français annoncent une forte croissance de leur activité qui devrait être confirmée par l’étude trimestrielle très attendue de la Fevad (Fédération de la vente à distance). Mais les volumes achetés en ligne ne couvriront pas, loin de là, les baisses des ventes dans la distribution classique. Le gouvernement propose de revoir son dispositif dans les prochaines semaines pour renforcer son plan si nécessaire par de nouvelles aides, notamment pour les distilleries.

Emmanuel Brugvin

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