Editorial Vignovin - Novembre 2017
La maîtrise des coûts de production. C’est sans doute, pour une majorité de vignerons, l’un des enjeux les plus cruciaux du moment. Les rendements à la parcelle étant globalement à la baisse – maladies du bois et incidents climatiques obligent – les producteurs doivent contrôler au mieux leur coût à l’hectare. C’est particulièrement vrai pour ceux qui vendent en vrac sur des marchés très concurrentiels.
« L’une des dernières opérations à la vigne seulement partiellement mécanisées, c’est la taille », souligne Christophe Gaviglio, ingénieur à l’IFV Sud-Ouest, spécialiste des expérimentations au vignoble. « Elle représente un volume horaire, et donc une charge, importants ». Des expérimentations ont donc été lancées il y a maintenant plus de 10 ans sur la taille mécanique ; les constructeurs ont initié, puis suivi la démarche et plusieurs machines sont désormais sur le marché.
Plusieurs techniques sont possibles. Certaines, comme la taille en haie, par exemple, sont surtout développées dans les pays du nouveau monde. Il s’agit dans ce cas, de passer une pré-tailleuse réglée plus bas que pour sa fonction originelle. Très efficace en termes de temps de travail, elle ne peut s’opérer que sur une vigne bien fertilisée et irriguée, car elle laisse quelque 300 bourgeons par souche, même si tous ne se développeront pas.
Plus commune dans le vignoble français, la taille dite « de précision » consiste à passer après la pré-tailleuse, avec une machine équipée soit de scies circulaires, soit de barres de coupe alternatives. Elles coupent à 2 cm environ au-dessus du cordon. Ce système laisse entre 30 à 50 bourgeons par cep. Pour autant, cet apport de la mécanisation ne supprime pas tout passage humain au sécateur pour égaliser les choses derrière, mais à un rythme évidemment bien plus élevé que la taille classique. De l’ordre de 10 à 15 h par hectare, quand on compte 30 à 45 h (sur une vigne plantée à 5 000 pieds).
Démonstration de la taille mécanique - photo : IFV
Important, essentiel même, la taille mécanique s’effectue sur une vigne bien alignée, menée en cordon. Il faut donc adapter ses ceps ; soit dès la plantation, soit par une nouvelle formation. « L’idéal, c’est de partir d’une jeune vigne et de la travailler dans cette optique pour lui donner une bonne charpente », précise Christophe Gaviglio. Il faut notamment prévoir des piquets plus rapprochés.
Outre l’intérêt économique, la rapidité d’exécution permet de retarder le début de la taille sur le parcellaire. « Si le débourrement s’effectue plus tard, on limite ainsi les impacts de gel printanier », ajoute le technicien. Sans parler des incidences sur les flux de sève, bénéfique à la bonne santé de la plante… Autre élément, si le nombre de grappes est supérieur à une taille manuelle, elles sont plus aérées.
Reste enfin le problème de la réglementation, en particulier des AOC. « On ne peut pas respecter le nombre d’yeux des cahiers des charges. Ce serait jouable avec une bonne reprise manuelle », conclut Christophe Gaviglio. « Donc cette technique reste réservée pour l’heure aux VSIG ou IGP ».
Patrick Touchais