La Thérapie Génique, un moyen de plus en plus efficace pour soigner les maladies génétiques chez les humains.
Qu’en est-il chez la vigne ?
1. La vigne après des siècles de culture et de pression de sélection quantitative et qualitative, a subi des affaiblissements génétiques qui empêchent toutes les variétés les plus fines, notamment Vitis Vinifera, de s’auto défendre efficacement lorsqu’elles sont en présence d’un grand nombre de pathogènes : champignons, bactéries, virus, phytoplasmes …
Des espèces de Vitis ont échappé à la pression séculaire de sélection. Elles sont restées sauvages, leur patrimoine génétique est resté plus brut, certaines ont conservé leurs capacités originelles et naturelles à se défendre contre les pathogènes sus-cités. L’inconvénient majeur de ces variétés est qu’elles produisent peu ou pas de fruits et d’une qualité le plus souvent non convenable. Elles sont utilisées comme porte-greffes pour les variétés nobles et sélectionnées, ou comme variétés décoratives. Depuis plus d’un siècle, on a essayé d’utiliser leurs propriétés par hybridations successives et extraordinairement diverses, mais la qualité des vins issus des plants hybrides n’a jamais été totalement acceptable dans tous les pays où cette voie a été travaillée.
2. Le patrimoine génétique de la vigne a été décrypté par un consortium de chercheurs franco-italiens. La chaîne des ADN comprend environ 22 000 gènes identifiés et le rôle de chaque gène ou groupe de gènes est dévoilé petit à petit.
- tel gène permet le goût muscaté ou la couleur
- tel autre permet la résistance au sel
- tels autres encore permettent la résistance au froid, à la sécheresse, aux agressions du milieu, etc. …
3. Certains gènes engendrant les résistances aux agressions pathogènes de l’environnement ont pu être reconnus et les chercheurs ont pu constater que parmi eux, la plupart étaient affaiblis et ne remplissaient pas ou que partiellement leur rôle chez les variétés nobles et sélectionnées que sont les Vitis Vinifera, ce qui n’était pas le cas chez les Vitis sauvages, dont les mêmes gènes de résistance sont complètement actifs.
4. L’idée est donc venue à des scientifiques de plusieurs pays, de plaquer ou greffer sur les gènes affaiblis de Vitis Vinifera, les mêmes gènes complètement actifs prélevés sur des variétés restées sauvages. Opération microbiologique de haute précision s’il en est.
5. Des travaux de ce genre sont entrepris dans certains laboratoires étrangers qui détiennent déjà des résultats très prometteurs. Les plantes ainsi soignées pourraient résister correctement, sans traitement chimique, aux champignons parasites de la vigne du genre Mildiou, Oïdium, Botritis, sans être entachées des défauts qualitatifs engendrés par l’hybridation qui reste une opération imprécise, hasardeuse, aléatoire.
6. On est là, face à une avancée technologique extraordinaire. Une autre voie.
Il sera difficile de faire croire que les variétés de vigne ainsi soignées soient qualifiées d’ « organismes génétiquement modifiés » donc soumises à interdits puisqu’elles ne porteront pas de nouveaux gènes.
L’opération de greffage intra cellulaire de 2 ou 3 gènes actifs provenant d’une autre espèce de Vitis, sur les mêmes gènes affaiblis de Vitis Vinifera se fait sans utilisation d’exogène ni de gène antibiotique, sans usage de cytoquinine, ni de quelle substance que ce soit.
7. La diffusion de plants de vigne ainsi soignés ne peut présenter aucun inconvénient de contamination par le pollen, puisque la multiplication de la vigne ne se fait pas par semis mais par fragment de rameau. De plus, le génome de ces vignes soignées par thérapie génique n’est absolument pas modifié, donc le pollen qu’ils disperseront sera identique à celui de la même variété non soignée.
8. La technologie est pareillement applicable pour induire des résistances aux arbres fruitiers à noyaux ou à pépins.
9. L’avantage incontestable de cultiver des variétés Vitis Vinifera ainsi soignées réside dans la possibilité de réduire significativement l‘usage des traitements anticryptogamiques avec des produits de synthèse et de permettre ainsi de continuer à cultiver naturellement des variétés qualitatives dans les climats divers, quelque fois hostiles, dans les conditions requises par le Grenelle de l’Environnement.
10. D’aucuns se refusent à voir des issues aux problèmes sanitaires de la vigne dans les technologies modernes et ne prononcent que des interdits à leur égard.
Ceux-ci ne voient comme solutions à ces problèmes sanitaires que des procédés culturaux ancestraux, peu fiables, très astreignants et très vaguement déterminés.
Ils prennent le risque d’orienter la viticulture dans des impasses économiques.
Heureusement une réaction réfléchie commence à avoir lieu dans les milieux viticoles, dans les milieux politiques et administratifs qui viennent d’apporter de la souplesse dans les expérimentations.
Une communication scientifique de qualité doit être organisée.
Il faut expliquer toutes les possibilités offertes par les technologies modernes en physiologie végétale. Elles sont probablement les pistes les plus efficaces pour une agriculture propre et durable.
L’avancée vers une viticulture propre, socialement et économiquement viable ne se gagnera pas par la réintroduction de procédés anciens dont on connaît toutes les faiblesses, mais par l’utilisation des découvertes scientifiques et des technologies modernes au service de la viticulture.
Le GROUPE MERCIER s’est largement engagé, depuis près de 10 ans, sur plusieurs fronts distincts pour apporter à ses clients viticulteurs, à travers les plants qu’il produit, les moyens modernes pour répondre à la fois aux défis des exigences écologiques et à la concurrence internationale.
Jean-Pierre MERCIER
Groupe MERCIER - Juin 2010