Viticulture : Baisse de la production et de la consommation

 

Avec une baisse historique de la production viticole ainsi que de la consommation en volume, les ventes de vin croissent en valeur tirées par les segments de marché plus qualitatifs et la demande toujours soutenue du bio.

Gel au printemps, climat chaud et humide en été favorable aux maladies dans certaines régions, l’année 2021 a connu une des plus faibles quantités en production, encore plus basse que les années historiques de 1991 et 2017. Les volumes en France pour 2021, s’établissent aux alentours 34,2 millions d'hectolitres, soit 10 millions d’hectolitres de moins qu'en 2020 et de 25% en dessous de la moyenne quinquennale. Résultat, la France passe de la deuxième à la troisième place des producteurs de vins mondiaux, doublée par l’Espagne, toujours derrière l’Italie en haut du podium depuis longtemps. Les mauvaises conditions climatiques ont affecté les vignes dans les deux péninsules mais avec moins de férocité. Avec ses 44,5 millions d’hectolitres (- 9%), l’Italie cavale en tête devant l’Espagne qui a vu son flux de vendanges se réduire de 14%, pour atteindre 35 millions de tonnes.

 

Production mondiale en baisse

Derrière les trois leaders qui concentrent 45% de la production, les autres pays d’Europe et ceux du nouveau monde viticole, notamment dans l’hémisphère sud (+19%), ont bénéficié de conditions de culture plus favorables et affichent des progressions en volume. La production mondiale devrait atteindre le niveau historiquement bas de 2017 soit 250 millions d’hectolitres, et en recul de 4% par rapport à 2020 et de 7% sur la moyenne sur 20 ans. Cette baisse de la production devrait permettre un maintien sur les marchés qui connurent une surchauffe les années précédentes. Bordeaux affronte depuis plusieurs années une production supérieure à la demande. L’année 2021 a connu, dans plusieurs régions viticoles françaises, des distillations pour maintenir les cours et les revenus des producteurs.

 

Consommation modérée

Face à ces volumes, le marché mondial poursuit sa tendance de consommer moins (encore -3% en 2020) mais mieux constatée depuis plusieurs années. Cette donnée reste favorable pour les vins français qui, même s’ils sont rétrogradés en troisième place en volume, conservent leur leadership mondial en valeur. D'après le cabinet Wine Intelligence, la fermeture des destinations touristiques a généré un gain de pouvoir d’achat qui s’est traduit par une montée en gamme. Le marché des vins premium, soit entre 10 et 20 $ en vins tranquilles et 20 et 30 $ en vins effervescents, devrait être plus dynamique que celui des vins basiques encore en 2022.

 

Reprise de l’export

Après les premières années Covid, les exportations de champagne, bordeaux, bourgogne et autres rosés de Provence sont à nouveau florissantes. La tendance enregistrée au premier semestre 2021 semble se poursuivre.  La France a exporté 7,3 millions d’hectolitres de vin pour un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros. Soit des hausses de 15% en volume et 40% en valeur par rapport aux six premiers mois confinés de 2020, mais surtout des hausses 15% en volume et 9% en valeur par rapport au premier semestre 2019. Seul le marché britannique affecté par les conséquences du Brexit connaît quelques turbulences, en baisse de 13% de 2020 à 2021 après un recul déjà de 12%. Les exportations sur la Chine reprennent sans atteindre, toutefois, les volumes de 2019.

 

Boire moins mais mieux

Sur le marché intérieur, l’IRI constate une baisse des volumes pour atteindre 949 millions d’hectolitres. Par contre, ces produits croissent en valeur pour grimper à 4 660 M€ contre 4 552 M€ sur douze mois glissants à juin 2021. Le chiffre d’affaires rejoint l’année record de 2018, réalisé avec des volumes plus importants de 993 millions d’hectolitres. Parmi les boissons alcoolisées, l’IRI relève que les rouges reculent d’un point à 14,3% de parts de marché (PDM) et les rosés de 0,7% à 10,8% de PDM. Les blancs restent stables à 6,6% de PDM. La concurrence vient de la bière dite de « spécialité » qui passe de 16,6% de PDM à 18,2%, la bière blonde de 22,4% à 23,1%.

 

Demande soutenue du bio

Le bio reste une valeur sûre de la croissance des vins tranquilles. Son chiffre d’affaires a doublé en 4 ans d’après l’IRI sur le marché intérieur avec un prix à la bouteille de 8,70 € contre 6,90 €. Sur cette même année, la croissance en grande surface atteint 16,5% en France. Une augmentation qui passe en majorité par les AOP (35% de la croissance), suivi des VSIG. En parts de marché, les AOP totalisent 59% (-1,7%), les IGP cépages 17,9% (-0,1%), les IGP standard 11,1% (+0,6%) et les VSIG 10,6% (+1%). Wine Intelligence estime que la croissance du marché de ces produits se confirme tout comme la volonté du consommateur d'acheter toujours plus local. Dans le monde, 43% des particuliers disent faire confiance au « caractère écologique d’un vin s’il porte un caractère officiel » comme la certification AB. Par contre, les vins dits "végan" ou "végétariens" ne rencontrent pas le succès escompté, voire détourneraient de ces achats certains consommateurs.

 

Baisse inexorable

Au global, la consommation pourrait encore baisser. Selon un baromètre de Wine Intelligence, 39% des sondés annoncent réduire leur consommation d’alcool, un mouvement qui atteint 58% en Suisse et 54% aux Pays-Bas. Un comportement porté par les campagnes sanitaires et par les nouveaux modes de vie adoptés par les 18-35 ans. A la différence de leurs aînés, les milléniaux seraient la première génération à adopter le principe de précaution d’après le Credoc et Vins & Société qui scrutent les tendances de consommation. Une donnée sociologique à prendre en compte désormais pour assurer la pérennité de la filière.

Emmanuel Brugvin

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