Après ces dernières années marquées successivement par les taxes Trump, le Covid et son train de restrictions, et le gel du printemps 2021, la filière viticole pensait respirer en ce début d’année 2022 et se délecter des quelques jolies performances 2021 mais ce fut de courte durée : l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe a douché le semblant de sérénité ambiante.

Ce n’est pas tant que les marchés ukrainien et russe soient des marchés importants dans l’exportation des vins français puisque Moscou ne pèse que 198M€ ! Bien entendu, les vignerons et maisons qui commerçaient avec la Russie notamment ont vu leurs ventes stoppées net. Certains estiment qu’il faudra plusieurs années avant de pouvoir y retourner !

Les régions de production les plus concernées sont la Champagne (1,7 M de bouteilles exportées vers la Russie), la Bourgogne avec 7200 hl (c’est son 18e marché), l’Alsace avec 3700hl (si la Russie est le 15e marché pour les vins d’Alsace, de belles progressions avaient été conquises en 2021), et Bordeaux avec 2000 hl.

La préoccupation majeure du secteur agricole en général et de la viticulture en particulier vis-à-vis de cette situation est surtout liée aux « dommages collatéraux » qui plombent l’économie de la filière. Plus les semaines passent, plus les difficultés se précisent car les goulots d’étranglement dans les chaines d’approvisionnement que la guerre en Ukraine a provoqué se remplissent.

 

Arrêtons-nous quelques instants sur des chiffres et des faits :

- la Russie représente à elle seule 13% du commerce des produits intermédiaires d’engrais,
- l’Ukraine et la Russie sont parmi les plus gros producteurs au monde de potasse,
- plusieurs usines des groupes mondiaux Verallia et Owens situées en Ukraine ont dû stopper leur production. La question de la pénurie de bouteilles commence à être évoquée,
- depuis fin février, le bois manque, essentiellement accaparé par les Etats-Unis et la Chine, poussant les prix des caisses bois à augmenter de plus de 60%, celui du carton de 50% en quelques semaines,
- les hausses du coût de l’énergie (gaz et pétrole) impactent directement la fabrication des bouteilles mais aussi le transport des vins,
- sans compter le manque de palettes mais aussi de fil de fer pour le palissage, la hausse du prix des étiquettes et l’allongem

 

Aujourd’hui, nombre d’opérateurs se débrouillent face à cette situation et attendent la rentrée pour évaluer avec précision les répercussions sur leur domaine. Dans le même temps, les pouvoirs publics ont lancé des réflexions et engagé des discussions afin d’envisager des options de solutions comme des allégements de charges. Et s’il est difficile de se projeter, cette guerre sur le continent européen a remis au cœur des débats le sujet de la souveraineté de la France et de l’Europe, déjà soulevé pendant la crise du COVID.

Heureusement, le dynamisme des marchés export comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l’Europe du Nord, permettent aux opérateurs de trouver des débouchés, certains ayant réattribuer les volumes prévus pour la Russie vers d’autres destinations où la demande est soutenue.

Nathalie Costa

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